Accoucher une nuit de pleine lune, ou l’expérience animale…
Publié par mon-nid dans Maternité le 19 décembre 2014
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« La pleine lune ? Je n’y CROIS pas, mais je constate… » C’est ce que nous avait dit une sage-femme la nuit où nous étions arrivés à la maternité pour Coquillette, et qu’elle nous annonçait qu’ils étaient en plein rush.
Pour Blini, on ne peut même plus parler de simple rush…
Revenons un peu en arrière :
Samedi 6 décembre au soir, je suis donc partie me coucher à minuit 15, une fois la valise de maternité avancée et miss France élue (impossible de coucher Coquillette avant). Aucune contraction, rien à l’horizon.
Et puis, alors que je sombrais tranquillement dans les bras de Morphée, une contraction certaine s’est fait sentir. Il était 1h05.
Une deuxième. A 1h15.
Alors j’ai guetté la troisième, à 1h25. Sauf qu’il s’est passé un truc bizarre… A 1h23, un liquide chaud s’est infiltré entre mes cuisses. En l’absence de toute contraction. Je me suis questionnée, j’ai tâté, j’ai hésité, je me suis levée, j’ai vérifié, et je me suis totalement réveillée. Alors j’ai réveillé l’Homme (qui ne dormait pas, d’ailleurs) : « Chéri ? Je crois bien que j’ai perdu les eaux… »
Ce fut alors le branle-bas de combat dans la maisonnette. Confirmation prise auprès de la maternité par téléphone : il fallait y aller. Même en l’absence de toute nouvelle contraction. Alors le temps de rajouter deux-trois choses dans la valise, d’attendre que mes parents débarquent pour rester avec les trois grands oisillons, de bisouiller lesdits oisillons endormis… nous sommes arrivés à la maternité vers 2h30.
Là, on nous a dit d’attendre sur les chaises dans le couloir devant les salles de naissance. Nous nous sommes assis. Et nous avons attendu.
Dans la salle de pré-travail juste à côté, un hurlement. Puis un autre. Des halètements, des « j’en peux plus ! », et puis des hurlements. Encore.Une sage-femme qui passe dans le couloir, pressée, et qui nous dit : « On s’occupe de vous bientôt, ne vous inquiétez pas ! ».
En pleine nuit, le silence uniquement percé par les hurlements d’à côté, c’était un poil difficile de rester totalement zen. Alors j’ai respiré. Amplement.
Et puis les contractions sont revenues. Légèrement douloureuses.
Une autre sage-femme qui passe. Et ne nous regarde pas.
« Le siège est ouvert à 4 ! », « L’autre dame est à 5, mais ça n’avance plus ! »… Conciliabule du personnel dans le couloir un peu plus loin, puis de nouveau la sage-femme dans l’autre sens. Et les hurlements.
Tout d’un coup, tandis que je suis là, sur ma chaise, dans le couloir, le liquide chaud est revenu. Abondant. Vraiment très abondant. J’ai eu l’impression de tourner dans un film : une tâche est apparue sur mon pantalon, s’est élargie, le siège s’est mouillé, de plus en plus, et puis on a commencé à entendre « flic… flac… », et une flaque s’est formée sous ma chaise, s’est élargie, de plus en plus.
Le silence n’était plus troublé que par le flic, flac, entrecoupé par les hurlements réguliers d’à côté.
Une nouvelle sage-femme : « Ne vous inquiétez pas, on arrive ! Mais vous savez, c’est la pleine lune… ».
Ca faisait 30 minutes qu’on était là. Un autre hurlement, un peu plus loin, a répondu à celui tout proche de nous. Et la nuit. Et le flic, floc. Et le bruit de pas des sages-femmes dans le couloir. Et au loin, dans les chambres, des pleurs de nouveaux-nés. La flaque qui s’élargissait. Les contractions qui devenaient de plus en plus douloureuses. Et l’heure qui passait. Et nous, sur nos chaises, dans le couloir…
Et puis un autre conciliabule : « Il va falloir s’occuper de la dame qui vient d’arriver ! » « Oui, mais où on va la mettre ? » « Allez chercher un brancard, on va la mettre dans un coin du couloir »…
Dans la nuit, avec le flic flac et les hurlements proches qui répondaient aux hurlements plus loin, avec la flaque et le bruit de pas des sages-femmes, j’ai compris qu’on parlait de moi. Que le brancard serait pour moi. Dans le couloir.
Les contractions se sont intensifiées, et ma peur avec. Dans le couloir. Brancard…
Enfin, quelqu’un est venu me chercher. Le brancard était arrivé.
Entre temps, ils avaient trouvé une autre idée, et le brancard ne se trouvait pas dans le couloir. Mais dans la salle de pause du personnel. Entre les affichages CFDT et le micro-ondes.
La sage-femme qui m’a accompagnée était désolée : «C’est la pleine lune, vous êtes trop nombreuses ! Les 3 salles d’accouchement sont prises, la salle de pré-travail aussi… Vous êtes la deuxième à qui je dois annoncer la mauvaise nouvelle : il y a déjà des femmes en attente pour les salles d’accouchement. Il y a peu de chance que l’une d’elles se libère avant que vous accouchiez. Je vous présente donc votre salle d’accouchement. Sans péridurale. » Et puis elle a dû repartir. Gérer les hurlements.
J’ai regardé les tracts, le micro-ondes et le frigo. J’ai constaté la nouvelle flaque qui se formait à mes pieds. J’ai ressenti une nouvelle contraction, toujours plus profonde. Un hurlement a alors déchiré le silence. Je ne pouvais plus faire machine arrière, il fallait faire avec…
Alors j’ai essayé de me persuader que j’avais choisi de refuser la péridurale. J’ai tenté de reprendre le contrôle sur mon accouchement qui partait à vaux l’eau. J’ai utilisé le ballon qu’on m’avait laissé, j’ai cherché des positions qui pourraient me soulager, j’ai respiré le plus profondément possible, j’ai tenté de faire abstraction des hurlements qui déchiraient le silence. Et puis j’ai essayé de me sentir chanceuse par rapport à celle qui était arrivée après moi et qui a eu, elle, le brancard dans le couloir…
A 5h40, on m’a annoncé que si je tenais jusque-là, une salle de naissance allait sans doute se libérer pour moi 1h30 plus tard. Les contractions se sont encore intensifiées, j’ai gardé les yeux braqués sur ma montre : plus qu’1h15… Plus qu’1h… Plus que ¾ d’heure…
A 7h15, j’ai enfin pu accéder à la salle de naissance. Mon col ne s’était ouvert qu’à 4… Mais c’était suffisant pour avoir la péridurale. Qui a été posée vers 7h40, en pleine contraction, sans que je fasse le dos rond ni que qui que se soit ne me tienne. Sans que je sois au courant qu’on me la posait, en fait… Mais il y avait d’autres urgences pour l’anesthésiste cette nuit-là…
Forcément, elle a bien fonctionné à droite, mais j’ai senti un poignard me transpercer les entrailles à gauche. De plus en plus profond. J’en ai parlé à la sage-femme lors d’une de ses visites éclairs (elle aussi avait beaucoup d’occupations cette nuit-là…). Alors à 8h10, avant de me permettre de me mettre sur le côté pour tenter de faire descendre le produit dans le côté gauche « Vous pouvez toujours essayer, mais je n’ai jamais vu personne pour qui le changement de position avait fonctionné ! », elle m’a réexaminée… et m’a dit que je pouvais pousser !!! Tout s’était tellement accéléré que la péridurale n’avait tout simplement pas eu le temps de faire totalement effet…
Par la fenêtre, les premiers rayons du soleil commençaient à filtrer, les hurlements dans les salles d’à côté se sont éloignés, j’étais en salle de naissance, bien concentrée… J’ai poussé.
A 8h36, les plus jolis hurlements du monde ont masqué ceux de souffrance des femmes arrivées après moi. A 8h36, nous avons eu le bonheur d’accueillir notre petit Blini dans notre vie…
Alors, très vite, j’ai réintégré la salle de pause du personnel pour achever mes 2h de peau à peau avec bébé : il fallait faire tourner la salle de naissance pour permettre à une autre maman de bénéficier de la péridurale…
Mais je m’en fichais. Moi, j’étais bien. Il faisait jour et je n’entendais plus rien. Juste la douce respiration de mon nouveau né, si joli, vous ne pouvez même pas vous imaginer…
24 commentaires sur “Accoucher une nuit de pleine lune, ou l’expérience animale…”
Répondre à mon-nid Annuler la réponse.
Oh cette angoisse que j’ai eue en te lisant! Heureusement ça se termine bien, et pas dans le couloir 😉
J’espère que tu vas bien, des bises!
Oui, j’ai eu de la chance :-p
Quelle aventure ! Je ne sais pas comment tu as fait pour garder ton sang froid, mais bravo, ton blini et toi avez trouvé juste le bon créneau pour la naissance 😉
Vous avez eu le temps de faire les crêpes depuis ?? ^^
Carrément ! Une semaine après, c’était crêpes party dans le nid !
Quelle aventure! Ton récit m’a tenue en haleine jusqu’à la fin! Encore félicitations Marie <3
A l'occasion, il faudrait mettre "une maman, son homme, leur quatre oisillons, un nid" ^-^
Bisous
Oh là, tu as raison !!! Mais je suis encore dans les choux, en ce moment…
et merci ! <3
Tu sais, un petit Blini, c’est tout rond. Tout comme la pleine Lune. Ils étaient faits pour se rencontrer, ces deux-là ! Quelle expérience, quand même… on va dire « intense », pour ne pas dire autre chose ! Mais à la fin, il y a un magnifique bébé en bonne santé. Cela vaut bien tous les trésors du monde.
Bonne fêtes !
Tu as tout à fait raison ! Et c’est si facile de le dire maintenant… :-p
Une naissance, c’est toujours une aventure! J’ai adoré ton récit! Et ça m’a donné envie de vérifier si c’était la pleine lune le jour où j’ai accouché, au cas où 😉 Félicitations en tout cas!
Et alors??? Pleine lune ?
Vous avez gérer le stress comme des chefs. Bon la péridurale, même avec le dos rond et tout le toutim ça ne marche pas forcément, alors pas de regrets, tu as assuré et comme tu dis, même entre un frigo et une affiche cfdt, le principal c’est d’avoir enfin dans les bras son petit bébé. Quelles aventures ils nous font vivre ceux là!
Oh là oui… M’en parle pas !
Mais sur 4 péridurales, il n’y en a qu’une qui a vraiment fonctionné… et encore, pas jusqu’au bout !
Bienvenue petit bonhomme
Merci !!!
Une aventure que tu pourras raconter dans quelques années. Félicitation au passage
:-p Merci !
Je suis arrivée à la maternité un soir de pleine lune
Il a pris son temps, mais quel bonheur!
J’ai eu la chance d’avoir une chambre très vite, c’était un dimanche, il n’y avait personne… j’avais fissuré la poche mais le travail n’avançait pas… Donc je n’ai accouché que le lendemain soir… après 6 mamans qui étaient arrivées après moi! J’ai pu avoir une salle de pré travail le temps d’un bain, puis aller en salle de naissance et attendre patiemment que les autres mamans accouchent avant qu’on vienne m’aider à mettre au monde ma merveille
Quelle angoisse quand même pour toi, quel courage aussi!
Comme à l’arrivée, je n’avais que très peu de contractions, j’avais un peu l’espoir que ça se passe comme pour toi ! Tu as eu de la chance !
Oh mais je débarque, toutes mes félicitations !
La longue attente dans le couloir, les sages femmes qui passent mais qui ne s’occupent pas de toi… J’ai connu ça pour mon 1er accouchement. Heureusement après 2h d’attente, j’étais finalement passée en salle de travail.
On oublie vite les désagrément lorsque bébé est là. J’espère que vous allez tous les 2 bien. Plein de bonheur à toute ta petite famille !
Tu as tout à fait raison : je les ai déjà (presque) oubliés…
J’ai accouché deux jours avant toi, arrivée à la maternité pour un controle sans pense que j’y resterai
je n’ia pas au de péri (l’anesthésiste c’est pointé alors que la tété de ma puce sortait…je l’ai maudit tu peux pas savoir, lol, mais au bout du compte je ne regrette rien
Finalement, je n’ai pas trop à me plaindre: la péri, elle a beau ne pas avoir trop fonctionné, je l’ai eue !!! J’espère que tu pouponnes bien 😉 !
À mon tour d’être dans l’attente, je commence à stresser… J’ai jusqu’au 30/01 mais je crois que ça approche… J’espère que vous arrivez à vous organiser et que Blini ne vous embête pas trop la nuit !! Bisous à vous 5 Vero B
Hé hé ! Tu en as oublié un ! On est 6, maintenant ! 😉
Je te souhaite l’accouchement dont tu rêves, et une très jolie rencontre avec ton bébé… Le 30, ça approche quand même !!! Tiens-nous au courant !