De battre, mon coeur s’est de nouveau arrêté
Publié par mon-nid dans Maternité le 15 avril 2015
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Une semaine à m’inquiéter, ausculter, écouter mon petit bébé qui semblait pourtant si bien aller,
Une semaine à guetter, nuit après nuit, le souffle régulier du sommeil de Blini,
Une semaine à m’épuiser…
La veille de l’échographie cardiaque arrive enfin. Mon petit Blini est toujours aussi souriant et gazouillant, toujours aussi tonique et éveillé. Rien à priori ne devrait nous inquiéter, si ce n’est la balance et son chiffre affiché trop bas.
Les enfants sont usants, Bouchon est exténuant. Je ne rêve que de les coucher, enfin, pour me reposer un peu.
Le soir est là, l’Homme n’est pas encore rentré, comme d’habitude ces temps-ci, et j’expédie tout le monde là-haut. Vite.
Puis je monte avec mon Blini, pour le changer, le mettre en pyjama, prêt à attendre sa dernière tétée et plonger dans les bras de Morphée.
Dans la salle de bain, j’installe mon bébé sur la table à langer. Je lui enlève son pantalon, détache le bas de son body, et m’apprête à ouvrir sa couche sous les gazous et les risettes de mon tout petit. « Mamaaaaaan ! J’arrive paaaaaaas ! » Bouchon hurle, pas encore couché. « Mamaaaaaaan ! Est-ce que…. ? » demande Hérisson, voix inaudible.
Il est 20h35, largement l’heure pour cette jolie petite troupe de dormir. Les problèmes doivent vite être résolus, je laisse mon bébé sur sa table à langer, fermée de 3 côtés, le temps de faire un saut vite fait dans la chambre contigüe pour coucher tout ce petit monde.
Bouchon se promène, les fesses à l’air, pas pressé du tout de se coucher. Hérisson veut absolument savoir comment s’appelle le chiffre qui a un zéro de plus que 100 milliards. Les enfants sont en demande, ils me sentent stressée. Alors je pyjamate Bouchon, le couche et le câline, je parle mille milliards à Hérisson, puis dix-mille milliards, cent-mille milliards, et finalement la simplicité des puissance de 10, ce qu’est une puissance, ce que signifie 4 au carré, et, et, et… Hérisson questionne, s’interroge, encore et encore. Bouchon chougne qu’il veut une histoire, une petite dernière. Je coupe court pour ce soir, je réponds aux dernières questions… mais j’ai totalement oublié mon Blini sur sa table à langer, la visite aux garçons qui devait être si courte.
Nous en étions au cube de 6 quand un grand « Boum » se fait entendre dans la salle de bain, à côté. Mon sang se glace, instantanément.
Dans ma tête, un temps infini. Des images qui se bousculent et tournent à une vitesse effroyable. L’image de mon bébé sur sa table à langer. L’espoir que le bruit ne soit celui que d’une boîte tombée. Mon cœur qui sait bien, déjà, que ce n’est pas le cas.Et au bout de ces secondes effroyables dans ma tête, qui ne sont qu’un millième de seconde en réalité, un hurlement. Strident. Vrillant. Glaçant.
En deux enjambées terribles, j’arrive à la porte de la salle de bain. Je capte la scène d’un seul regard. La table à langer désespérément vide, un petit paquet hurlant au sol. Je ne respire plus, je suis entièrement vide, et me jette sur mon bébé, mon tout petit, mon chéri, vagissant à terre, sur le carrelage dur et froid.
Mon bébé est déjà dans mes bras. Il hurle et je le tâte, à la recherche d’un trou, d’une bosse, de sang. Il n’y a rien. Rien de rien. Rien ne sort. Tout est donc en train de faire pression à l’intérieur, coincé dans la boîte crânienne.
Hérisson et Coquillette sont là, je ne les vois pas.
Hagarde, je descends l’escalier comme je peux. Hérisson sur mes talons. Une seule obsession : filer à l’hôpital, aller me réfugier, soigner mon bébé, être prise en charge. Vite. Vite.
J’expédie Hérisson dans son lit, me rue sur le téléphone, appelle l’Homme. Vite. Vite. Rentre immédiatement. Je laisse les trois grands, je cours à l’hôpital, viens prendre la relève à la maison, je ne peux pas y rester, je suis pressée, je les laisse, je file, c’est urgent. Tellement urgent.
L’Homme était dans la rue, il rentrait justement. Je dépose mon Blini dans le landau, sans chaussettes, sans pantalon, son body ouvert, tel qu’il était quand je l’ai laissé sur cette satanée table à langer. Je le dépose, vagissant, et je cours jusqu’à l’hôpital, à 5 minutes de chez nous. Je ne pense plus à rien, je pleure, je croise l’Homme et ne peut que lui répéter c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma faute.
Je cours. Le temps est précieux, il faut que j’y aille, vite. Vite !
20 commentaires sur “De battre, mon coeur s’est de nouveau arrêté”
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C’est terrifiant ! Je comprends parfaitement par quelle horreur tu es passée ! J’espère tout simplement que ton petit bébé n’a rien ? Courage courage !
Oui, ce fut une bien longue semaine…
La panique!!! Pour me rassurer, je me dis que si tu écris toute cette histoire, c’est qu’elle se termine bien… Mais je peux imaginer ton angoisse
Tu as tout à fait raison ! Je n’avais pas pu en parler jusque là…
Comme je te comprends: c’est l’angoisse. J’espère que vous allez bien.
Bises
Oui, ouf ! Merci, bises
Je suis encore plus stressée et apeurée qu’hier à la lecture de ce second billet! J’espère que tout va bien pour Blini… Je t’embrasse fort!
Merci ! <3
Quelle terreur! c’est arrivé ici aussi… ça n’arrive pas qu’aux autres… j’espère que Blini va bien, sa tête et son petit coeur!
Je m’en suis rendue compte en en parlant autour de moi 😉 ! Tout va bien au final, tu as vu ?
Quelle angoisse rien qu’en te lisant!! L’été dernier ma fille a dévalé tout un escalier, et ce bruit de chûte me tourne encore dans la tête…
J’espère que tout va bien, que l’échographie aussi est rassurante, je croise fort les doigts.
C’est le genre d’émotion forte qu’on n’oublie jamais…
OMG je tremble pour vous!!!!
:-/
Aïe. L’accident domestique par excellence ! Du coup les nouvelles de toutes ces embrouilles ?
L’accident con, qui aurait pu être évité tellement facilement (comme tous les accidents, tu me diras…) !
Bouh je comprends le titre, j’en menais pas large à te lire… ce n’est pas de ta faute, c’est vite arrivé, surtout que ptit Blini n’est pas tout seul. J’espère qu’il va bien, et que les nouvelles sont bonnes côté cardiaques. J’imagine l’angoisse. Pensées et gs bisous
Je ne peux pas ne pas m’en vouloir: on nous le rabâche tellement, le coup de la table à langer !!! Mais j’ai été rassuré par le nombre de mamans qui m’ont avoué avoir vécu le même accident quand j’en ai parlé… Je me suis sentie moins seule !
Quelle angoisse! J’ai revécu par procuration ce qu’il s’est passé chez nous il y a 5 ans 1/2. J’espère que ton petit blini va bien, mais je me doute que si tu en parles aujourd’hui c’est que c’est le cas… Ne nous laisse pas trop attendre pour nous raconter le dénouement. Je t’embrasse.
Je voulais au début ne faire qu’un seul article, mais il s’est avéré tellement long que je me suis résolue à le couper… J’ai hâté le dénouement pour vous rassurer, tu as vu ?