Ces gosses qu’on a faits ensemble…
Publié par mon-nid dans Ma vie de maman le 1 avril 2016
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Ils sont quatre. Et quatre, tu sais, c’est chaud quand même, question éducation. Question matérielle aussi, mais là n’est finalement pas le problème actuellement. Parce que pour le pognon, tu m’aides bien. Non, l’argent, je l’ai. Et je peux les nourrir, les vêtir et les loger. La base, quoi.
Mais pour l’éducation, alors ? La présence, la concertation, l’accompagnement ? Pour tout ça, j’assume. Et c’est dur…
Je sais que tu n’y peux rien. Je sais que tu aurais bien continué à quitter la maisonnette tous les matins, flanqué de tes trois grands, pour gagner à pied ton boulot après avoir fait une halte à l’école y déposer ta progéniture. Je sais que l’avion à 6h du mat’ tous les lundis, et le retour à 18h tous les samedis, ce n’était pas ton choix premier. Pas ton choix du tout, même.Le premier mois, j’ai serré les dents, mais ça allait. Un mois, ça se gère.
Mais là, ça fait 2 mois. 2 mois, et nous en avons encore au moins autant devant nous. Et 2 mois, c’est drôlement long, tu sais. Oui, je sais, tu le sais bien, toi qui passe 6 jours sur 7 à l’hôtel, à l’autre bout de la France. Tu sais, mais c’est pas pareil.
Ce n’est pas toi qui assume seul ce que l’on devait assumer à deux.
Toutes les conduites, bien sûr. Le matin, le midi et le soir. Et les conduites extrascolaires, celles du samedi qui se superposent, Coquillette à un endroit, Hérisson à un autre, exactement à la même heure, dans des lieux parfaitement à l’opposé. La conduite du samedi après-midi pour la grande alors que les plus petits sont en pleine sieste. Les conduites multiples chez les professionnels médicaux en tout genre, qui forcément tombent en ce moment. Le pédiatre de l’hôpital, le psychomotricien, l’orthophoniste, le radiologue, le dentiste et l’ophtalmo. Les conduites pour un qui se transforment en conduite pour quatre par manque du deuxième adulte à la maison et impossibilité de laisser 3 petits loups tous seuls à la maison trop longtemps. Tout ça avec un dos qui part en sucette et un médecin qui recommande vivement « de passer le plus de temps possible allongé, Mme Oiseau ». Ce qui est bien, c’est que la notion du « plus de temps possible » est somme toute très relative.
Je deviens spécialiste es téléfilms débiles avec plateau repas pourri. Mon poids s’en ressent et mon agilité intellectuelle aussi. Mais on se voit si peu (un jour par semaine, avec 4 gosses en grande demande de paternel, ça ne laisse pas beaucoup de temps), que je ne sais pas trop si tu t’en es rendu compte…
Non, ce n’est même pas ça le plus dur, tu sais. Le plus dur, c’est cette éducation à faire en solo. La certitude d’être la seule à faire face, la seule disponible en cas de pépin. Cette responsabilité assumée pour deux, ces nuits à ne plus dormir que d’une oreille, en hyper-vigilance puisque je suis la seule à pouvoir me lever, la seule à pouvoir faire face si…
Ce qui est dur, c’est cette responsabilité sur les petites décisions du quotidien. Etre toujours la seule à réprimander, consoler, conseiller, écouter, cajoler. Etre la seule et ne pas avoir d’oreille pour se lâcher et se conforter sur la bonne attitude à avoir. J’ai l’habitude de les gérer, ces petits tracas du quotidien, vu l’heure à laquelle tu rentrais en temps normal, mais on en parlait, on débriefait, on réfléchissait à la meilleure attitude à adopter le lendemain.
Mais actuellement, tu es déconnecté. 6 jours sur 7 sans famille à se préoccuper, seul dans une chambre d’hôtel, ça coupe du train-train quotidien. Alors je te tiens au courant, des angoisses de l’une, des problèmes de l’autre et des inquiétudes du troisième, mais je sens bien que tu es déconnecté, loin de tout ça, et l’esprit tellement encombré par autre chose, par un boulot qui te prend toute ton énergie et te retient tout là-bas. Je sens bien que tu veux mais que tu ne peux pas totalement.
Alors je gère.
Seule.
Mais ces mômes, si on les fait à deux, c’est parce qu’à deux, c’est tellement plus simple !
12 commentaires sur “Ces gosses qu’on a faits ensemble…”
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Tiens bon, tu vas y arriver ( pas le choix me diras-tu). Pour le vivre de temps en temps, mais moins longtemps que toi, j’imagine à quel point c’est difficile. Bon courage, tu es une maman admirable !
Merci beaucoup, tu es adorable. L’habitude d’être seule, je l’ai aussi. Mais sur quelques jours d’affilée, parfois une semaine. Mais sur la longueur, vraiment, c’est beaucoup plus dur !
Oh courage!!!! Ce n’est pas toujours évident j’imagine bien! Mais tu es une maman qui déchire et qui fait de son mieux…. J’espère que l’Homme sera vite de retour pour pouvoir vous retrouver, souffler un peu….
Merci beaucoup, tu es adorable ! Mais ça y est, on commence à voir le soleil au bout du tunnel !
Je suis de tout cœur avec vous. Avec toi, avec ton dos, avec le don d’ubiquité qu’il te faudrait en cette période… avec tes enfants, avec ton mari, bien sûr, qui doit tellement souffrir de la situation également.
Si je comprends bien, encore deux mois de tremblement de terre. C’est long. Peut-être que commencer à réfléchir, rien qu’un tout petit peu, à l’idée de passer tous ensemble des vacances à tel ou tel endroit, vous aiderait à attendre des jours meilleurs ? Se projeter dans un futur agréable pourrait éventuellement un peu vous aider à mettre du baume au cœur ?
Courage et bises à tous.
Merci beaucoup ! Et oui, on projette un long week-end en famille !
Ma pauvre ! Ce que ça doit être dur !!! J’espère que ça va s’arranger et qu’il va pouvoir retrouver un rythme de travail plus normal. Je te souhaite plein de courage.
Oui, ça commence à se calmer, il va pouvoir rentrer à la maison dès les vendredis soirs…
c’est une épreuve tellement difficile, assumer seule ses enfants. nous avons aussi été séparé pour le boulot ici, pendant 18 mois et 600km. je bossais à plein temps mais heureusement je n’en avais qu’une à l’époque, mais quand je suis tombée enceinte la fatigue m’a engloutie. essaie de te ménager, même si c’est extrêmement difficile, se sont les nerfs qui font tenir et quand tout est fini le coup est rude.
Ouch ! 18 mois !!! Ma pauvre… Merci pour ton conseil, je vais essayer de faire attention quand la situation s’arrêtera
J’ai connu cela une grosse partie de l’année dernière, avec en prime un déménagement… Le plus bizarre a été le jour où je lui ai fait ses courses pour son appart, type étudiant… et pour ma part, je carburai au tiramissu/ coca pour tenir la cadence…
Aujourd’hui encore on a des fois du mal à retrouver notre équilibre, il me dit souvent que j’exagère sur ces mois où il était loin, mais bon il n’était pas là, il ne s’est pas rendu compte… Je t’envoie plein de courage !!
Non, ils ne s’en rendent pas compte, je pense… Mon Homme est à l’hôtel, je suis allée passer quelques jours avec lui lors des dernières vacances. L’hôtel a un petit côté provisoire bien rassurant, je trouve !