Il y a un an, j’étais pleine de toi… Je t’attendais.
Publié par mon-nid dans Maternité le 28 septembre 2012
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Il y a un an, j’étais pleine.
Il y a un an, j’étais double.
Il y a un an, j’étais remplie.
Remplie d’amour, remplie de joie, remplie de bonheur, remplie de toi…
Il y a un an, mon amour, je t’attendais.
Je n’en pouvais plus d’attendre.
Je n’en pouvais plus d’espérer te voir.
Je n’en pouvais plus d’imaginer notre rencontre.
Je t’attendais.
Mais toi, tu n’étais pas pressé. Moins que tes frère et sœur, en tous cas. Eux, étaient arrivés une semaine plus tôt. Tous les deux. Alors en pensant que tu ferais comme eux, on avait tout préparé, tout organisé, pour que les grands oisillons soient gardés dans la maisonnette pendant que nous irions t’accueillir. Nous avions une « baby-sitter » à domicile le week-end précédent… Mais toi, tu avais décidé, déjà, de ne pas faire comme tes frère et sœur. Tu as décidé de nous faire attendre, de nous faire languir. Tu n’es pas venu.
Pourtant, j’y ai cru. Pourtant, nous sommes allés à la maternité, trois jours plus tôt. Mais c’était une fausse alerte. J’étais trop impatiente. Toi, tu préférais attendre au chaud, tranquille.
Alors nous avons attendu.
Il y a un an, j’avais les yeux rivés à ma montre, et mon cœur empli de toi. Il y a un an, j’ai commencé à sentir que non, définitivement, cette journée ne s’annonçait pas comme d’habitude.
Il y a un an, on était mercredi, et j’ai appelé ta Manou à la rescousse pour prendre en charge le mercathlon. Moi, j’étais trop fatiguée.
Il y a un an, dans la matinée, j’ai eu des pertes bizarres. Puis des pertes sanguinolentes. Là, je me suis inquiétée. J’ai eu peur. Peur pour toi. Quelque chose clochait ! L’Homme est rentré quatre à quatre du travail, et nous avons filé à la maternité.
Mais tout allait bien pour toi, mon amour. Tu étais bien, dans ta piscine chauffée, tranquille. Non. Toutes ces pertes, ce n’était que le bouchon muqueux.
Mais mon corps se préparait à te laisser passer.
Mon corps se préparait si bien que les contractions sont arrivées. Oh, pas bien fortes, hein, mais elles ne sont jamais fortes, au début, chez moi… Mais elles étaient là. Régulières. Tenaces. De plus en plus fréquentes.
Je ne lâchais pas ma montre. L’Homme ne cessait de me regarder d’un air anxieux et pressé « encore une ??? ». Oui, encore une…
Le soir, Manou est restée dans la maisonnette, Papy l’a rejointe.
L’Homme et moi, nous sommes partis (encore) à la maternité. Pour voir.
Ils ont vu. « Oui, oui, Madame, tout se prépare, les contractions sont là ! Mais trop peu efficaces… Il faut patienter ! ».
Mais moi, je n’en pouvais plus de patienter ! Je n’en pouvais plus de t’attendre, mon amour. Je n’en pouvais plus de t’imaginer sans pouvoir te voir, de t’aimer sans pouvoir te câliner. Ca devenait trop long…
Nous sommes allés marcher en ville, pour accélérer les choses, puis nous sommes revenus à la maternité. Ca n’avait rien accéléré.
J’ai pu rester, pour être tout près, au cas où les choses aboutiraient pendant la nuit. J’ai pu avoir une chambre seule, pour ne pas être dérangée par les bébés déjà sortis. L’Homme n’a pas pu rester. Alors je t’ai attendu, seule, dans mon lit, à la maternité. Je n’ai pas dormi. J’avais trop mal. Et puis je ne voulais pas risquer de te rater ! Moi qui t’attendais tellement…
Le matin est arrivé. La sage-femme de service a proposé de donner un petit coup de pouce à la nature, de donner une pichenette à mon col récalcitrant, qui refusait de te laisser le passage. Il ne suffisait que d’une pichenette, comme pour Coquillette ou Hérisson, puisque, tout comme pour eux, le processus était enclenché… mais le frein à main n’avait pas été enlevé…
L’Homme est arrivé. Je me suis préparée à t’accueillir. Enfin…
Nous sommes partis en salle de naissance. La pichenette a été donnée. Mon col a accepté de te faire de la place. Grâce à la péridurale, j’ai enfin pu me reposer, pour être prête à t’accueillir, mon amour. Enfin, le moment est arrivé. Il a fallu pousser. Pousser. Pousser. Tu es descendu trop vite à notre rencontre… la péridurale n’a pas suivi. J’ai tout senti. Tu as dévalé l’escalier pour trouver la sortie. Tu as pointé ta petite tête, sorti tes petits bras, et tu es resté là, à m’attendre. Je me suis penchée, je t’ai pris sous les bras, t’ai sorti de moi, t’ai ramené près de mon cœur, tout contre moi. Je t’ai enlacé, tu étais là. J’ai pleuré. Je te voyais, enfin… Mon amour, mon tout-petit. Bienvenue parmi nous. Bienvenue avec nous. L’Homme pleurait, je pleurais, on riait, on t’aimait.
La suite, je ne m’en souviens pas… plus… La suite n’est que peu intéressante. Mon épisio a été recousue, mon utérus a été révisé pour récupérer les petits bouts de placenta manquants, tu as été pesé, tu as étonné tout le monde avec tes 4kg240 non programmés.
Nous, on s’en fichait. Tu étais là, tout contre moi. Tu étais enfin là. J’étais comblée… Ca fera 1 an demain. Un an de bonheur. Un an d’amour. Un an de surprise. Un an de promesses. Un an avec toi. Un an contre toi. Un an… demain. Bon anniversaire, mon trésor !