mon-nid

Mon petit brun ténébreux, aux yeux bruns pétillants et à la bouche rieuse,

Mon garçonnet si câlin, qui aime tant te coller-serré contre moi, pour mon plus grand plaisir, pendant de longues minutes, une à plusieurs fois par jour,

Mon amour tout doux, sage et poète, qui ne conçoit pas la brutalité, la vengeance, la terreur et l’agressivité de ce monde,

Mon énigme, silencieux, mon mur infranchissable. Qui n’exprime aucun sentiment, alors qu’il est tellement mouvementé à l’intérieur. Mon secret, qui enfouit bien profondément la serrure permettant d’ouvrir la boîte de Pandore.

Mon grand que j’ai appris à lire au-delà des mots, mon chéri que je décrypte, grâce aux mini-doses homéopathiques qui s’échappent de toi. Câlins plus serrés-serrés, maux de ventre à répétition, tics en apparition, sourires dévastateurs, sautillements de puce alerte ou yeux vides pendant de longues heures sur le canapé.

Mon chevalier courageux, qui se bat contre ses démons. Mon petit qui accumule de l’angoisse au plus profond de lui jusqu’au trop-plein.

Mon petit si gentil, si prévenant avec ses frères, si suiveur avec sa sœur, par crainte de ne plus être aimé, au risque d’être piétiné.

Ma petite tête bouillonnante, aux mille idées, aux mille questions. Avec des connaissances innombrables, cachées au mieux pour ne pas dépareiller, surtout.

Mon frêle petit garçon à la confiance en soi proche du néant. Qui craint tellement de se tromper, d’échouer, de faire mal, qu’il préfère ne pas faire, au risque de disparaître aux yeux des autres. Mon chéri qui veut tout savoir avant même d’avoir appris, qui, s’il est pris en défaut de méconnaissance, pense ne plus rien valoir, ne rien savoir.

Mon petit sautillant, jamais aussi heureux que les mains occupées, à réaliser une construction, un bricolage, un jardinage, quelque chose d’utile surtout, mais essentiellement quelque chose pour lequel nous n’avons pas le mode d’emploi. Mon petit bricolo, qui a un sens inné de la mécanique des choses, sait intuitivement comment aider, où se placer, que faire, quoi assembler. Mon amour, qui malheureusement pour lui est né dans une maisonnette en pleine ville alors qu’il ne rêve que de passer ses journées à la ferme, entre traite des vaches et arpentage des champs en tracteur.

Mon indécis, qui ne peut s’empêcher de regarder tout ce sur quoi il met une croix lorsqu’il fait un choix. Alors qui hésite et tergiverse, pèse le pour et le contre, le contre et le pour, revient en arrière pour choisir autre chose, se re-questionne, hésite de nouveau, et finit, par pression parentale, par choisir, la mort dans l’âme. On ne dira pas que tu tiens cette horrible spécificité de ta mère, hein ?

Mes petits yeux bruns, qui observent tout, ne disent rien mais n’en pensent pas moins.

Mon sage, qui ne fait pas de bruit en classe, percute tout, mais se torture le cerveau au point de sortir des absurdités lors des exercices. Parce que c’était trop simple. Donc cela ne pouvait pas être ça. Il y avait forcément un piège, que tu as guetté, embusqué, au risque de ne pas avoir même commencé l’exercice lorsque tout le reste de la classe l’a achevé, ou bien d’inventer toi-même ce piège auquel la maîtresse était à mille lieues de penser.

Mon petit garçon qui ne semble éprouver aucune passion. Mais qui aime beaucoup de choses, aucune plus que l’autre. Qui, dès qu’il aime quelque chose en voit immédiatement tous les aspects négatifs jusqu’à ne plus l’aimer tant.

Mon petit édenté, au sourire désarmant, dents manquantes qui semblent ne pas être pressées de repousser.

Mon petit cœur tendre, si fragile et si doux. Mon petit garçon qui grandit. Mon petit déjà grand qui a soufflé ses 8 bougies hier… Si tu savais combien je t’aime…

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