La peur de la mort chez les enfants…
Publié par mon-nid dans Education le 27 mai 2013
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Il arrive un âge où l’enfant entrevoit qu’il n’est pas éternel. Ni lui, ni aucune des personnes qu’il aime et qui l’entourent. Le « ch’suis mort ! Hop ch’suis plus mort ! », c’est fini…
Il arrive un âge où l’enfant prend conscience de l’irrévocabilité de la mort.
Ce passage-là a lieu souvent aux alentours de 7 ans. Un peu plus tôt ou un peu plus tard selon les enfants et suivant les circonstances.
Cette prise de conscience peut s’accompagner d’angoisses très violentes. Surtout si elle a lieu brusquement, avec la survenue d’un évènement traumatique.
Je m’en souviens parfaitement, moi, de cette prise de conscience.
Je me souviens de la mort d’un vieux monsieur que je connaissais. Je me souviens de la tristesse et de l’angoisse qui m’a submergé.
Je me souviens des soirs, seule dans mon lit, à pleurer d’angoisse face à la mort, face à ma peur de mourir, là, cette nuit-là, dans mon sommeil.
Je me souviens avoir trouvé un moyen de conjurer le sort. Et d’avoir eu besoin, soir après soir, de dire à toutes les personnes que j’aimais « à demain ! », et de le répéter, inlassablement, jusqu’à ce que la personne en face me réponde « à demain ».
Ca me rassurait. Ca voulait dire que l’on se reverrait le lendemain. Que l’on ne serait pas morts, ni l’un ni l’autre…
J’avais 7 ans et j’avais parfaitement conscience du ridicule de ce grigri. Je savais pertinemment que ce n’est pas le fait de se dire « à demain » qui allait empêcher le mauvais sort de s’abattre sur nous. Je me souviens même de l’avoir dit entre mes dents, toute honteuse, certains soirs. Parce que je me rendais bien compte que la personne en face se moquait de moi.
Parfois, mon père ou ma mère biaisaient. Me répondaient autre chose, un simple « bonne nuit », dans l’espoir de m’aider à abandonner ce toc. Mais la peur de la mort me submergeait alors totalement, et je répétais, inlassablement, « à demain », jusqu’à obtenir la réponse espérée.
Je remercie mes parents et tous ceux qui furent « victimes » de mon angoisse, d’avoir joué le jeu. Je les remercie de m’avoir répondu, inlassablement. Petit à petit, la peur de la mort est devenue moins forte. A force d’être rassurée, d’être entourée, câlinée (les câlins dans le lit tandis que je sanglotais de frayeur), ma peur s’est apaisée. Il est arrivé un jour où je n’ai même plus pensé à dire « à demain ». Est arrivé un jour où m’apercevant que je n’avais pas suivi mon rituel, je ne me suis pas relevée pour l’accomplir. J’étais en paix.
Le soutien de mes parents m’a permis de passer cette étape. De les savoir là, toujours là, prêts à me répondre pour m’apaiser, a porté ses fruits. Même s’il a fallu pour cela de longs mois.
L’année dernière, à cette même date, ma grand-mère, ma Nanie, s’éteignait. Coquillette et Hérisson la connaissaient bien et la chérissaient, car habitant près de chez mes parents, elle passait souvent chez eux lorsqu’on y était. Ma grand-mère, c’était une grand-mère gâteau, une grand-mère bisou, une grand-mère câlin. Un archétype de grand-mère… Les enfants ont vécu son décès avec une énorme tristesse…
Pour la première fois, l’année dernière, Coquillette et Hérisson furent confrontés à la mort.
Depuis, Coquillette a du mal à s’endormir. Depuis, elle pense à la mort. Elle ne veut plus rester seule dans la maison le temps que j’aille demander de la farine à la voisine. Elle a peur d’un incendie dévastateur, elle craint des cambrioleurs violents. Elle ne se sent plus en sécurité, elle a conscience de sa vulnérabilité, elle a peur de mourir.
Avec le temps, ça va de mieux en mieux. Je laisse Coquillette m’accompagner chez le voisin (en embarquant Hérisson et Bouchon au passage, de ce fait). J’essaie à mon tour de la rassurer, de l’accompagner, de l’apaiser.
J’essaie, à mon tour, de l’aider à franchir cette étape.
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